mercredi 23 mai 2012

Princesse


Je dois vous avouer que j'ai été bouleversée à la lecture des lettres écrites sur cette page par mes compagnons du refuge. Ces lettres sont belles car leurs auteurs ont su se livrer à « cœur ouvert. » Ils ont mis des mots sur leurs maux afin de vous faire ressentir leur tristesse et leurs malheurs, vous « dire » combien la vie a été cruelle avec eux. Chacune de ces lettres « transpire » l'envie et la rage de vivre et toutes ces choses qui forcent le respect et l'admiration.

Alors forcément pour être honnête avec vous, je suis un peu gênée de me retrouver à mon tour le stylo à la patte pour écrire ma présentation. Je m'aperçois en effet au fil de mes pensées et de mes souvenirs qu'il est bien difficile pour moi de vous parler de la souffrance ... puisque j'ai vécu six ans sans la connaître.

Pourquoi aurais je dû chercher à savoir ce qu'était la souffrance puisque ma vie occupait le centre d'un foyer où je vivais heureuse ? Dans celui-ci j'étais toujours à portée de quelque chose, d'une main pour une caresse, d'une laisse pour une balade, d'un canapé pour une sieste, d'un sac de croquettes et d'une gamelle pour me remplir le ventre. J'ai été heureuse, follement heureuse ! Je dois malgré tout me mettre dans la tête qu'il ne faut pas que je culpabilise pour autant. Mes qualités de chienne sociable avec les autres chiens, douce, sage, propre et amoureuse des enfants m'en ont donné le droit.

Comment aurais-je pu savoir qu'il n'y avait pas suffisamment de bonheur pour tout le monde sur cette terre ?

Toujours est-il qu'à la mort de mon maître quelqu'un a fermé le robinet du bonheur. J'ai pourtant bien vu encore quelques gouttes qui en sortaient quand une gentille famille m'a recueillie par la suite, mais malheureusement l'enfant de ce foyer était allergique. C'est pourquoi je me retrouve donc aujourd'hui au refuge complétement déboussolée dans cet environnement bruyant et stressant loin de mon paisible bonheur passé.

Le bonheur c'est comme de l'eau, nous en avons tous besoin pour vivre, J'attends donc la main qui ouvrira de nouveau le robinet en disant « t'inquiète pas Princesse, tu peux boire, ici c'est bonheur à volonté ! »

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