mercredi 6 juin 2012

Calino


Comme beaucoup de mes compagnons du refuge prendre le stylo n’est pas une chose facile. En effet, la difficulté de trouver les mots justes pour espérer vous prouver que je suis un bon chien est tout sauf simple puisque cela passe d’une certaine manière, par mettre de côté pour quelques instants ma pudeur en me dévoilant à vous. Mais je suis bien obligé aujourd'hui d'admettre que la chose la plus compliquée et surtout la cruelle est de me rendre compte que l’écriture de cette lettre me renvoie avant tout vers quelque chose de terrible pour moi.

Comment ne pas être meurtri en comprenant que ce qui était juste un « sentiment »  est devenu très vite une insupportable « réalité » : L'oubli.

Alors même si l'écriture de cette lettre ressemble à un supplice, je dois la voir avant tout comme un espoir d'une vie meilleure, d'une main enfin tendue. Oui, il me reste malgré tout « l’espoir » et je m’en remets donc à cette présentation que je commence en vous confiant quelque chose d’important que je ressens au plus profond de moi. Le bonheur que j'espère voir « naitre » ne va pas en même temps « effacer » mon handicap. J’ai bien fini par comprendre que tout l'amour du monde ne fera jamais malheureusement disparaître une dysplasie des 2 hanches.

Mes dernières certitudes de guérison, le vétérinaire les a fait exploser le jour où celui-ci m’a dit qu’une opération était impossible vu ma taille et mon poids, plus de 50 kilos. Alors pas plus mes deux ans que mon énorme besoin de connaître une vie meilleure ne peut me faire espérer que l'affection d'un foyer m’apportera davantage de solutions que la médecine pour guérir ce coup du sort que la vie m'a réservé.

Par contre je crois dur comme fer que l'amour est le plus beau et le plus efficace des remèdes pour guérir la solitude qui me fait mille fois plus souffrir que mes hanches en me rongeant de plus en plus chaque jour. La dysplasie me contraint à une vie au calme, m'interdit les escaliers et en cas de grandes randonnées m’oblige à prendre un traitement anti inflammatoire durant quelques jours. Mais tout cela n’est rien comparé aux heures passées à attendre derrière les grilles d’un box en espérant encore et toujours qu'un visiteur me dise : Viens Calino !

Alors, ne cherchez pas à savoir si mes hanches me font souffrir … Puisque vous avez avant tout mon cœur à sauver.

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